Dans l’arrière-pays du silence de Michel Duthil

Dans l’arrière-pays du silence de Michel Duthil

…Le soir, allongée sur son lit, Elise s’accoudait à la fenêtre du Temps.
Pourquoi s’était-elle persuadée que la plus haute liberté se trouvait ici, dans cette forteresse froide et paisible ?
Prisonnière du monde des apparences et du mensonge, n’avait-elle pas réalisé en entrant au Carmel une singulière
évasion ?
Dans le film de ses nuits blanches, apparaissait l’image d’Henri qui ne lui inspirait plus aucune rancœur. L’amour divin suppléait l’amour pour un homme, comme si l’amante passionnée avait préfiguré la croyante uniquement occupée par son Dieu… Quant à la scène perpétuellement remasterisée, elle tétanisa son confesseur : une boule de chair criarde au front taché de rouge dérobée par la blouse blanche immaculée fuyant une mère en pleurs…